n°2 30 décembre 1940
Vous tous qui avez accepté de travailler à
l’oeuvre commune de résistance pour la libération
du pays, vous devez vous pénétrer de cette idée
essentielle: que nous ne pourrons agir utilement et efficacement
sans une organisation réalisée dans la discipline.
La discipline, c'est accepter l'autorité des chefs. C'est
surtout leur obéir.
L’obéissance, chez nous, n’est ni aveugle,
ni mécanique. Elle permet de penser. Elle exige même
de comprendre. Elle ne permet plus de discuter.
Votre action individuelle doit être un élément de
l’action commune. Elle doit répondre à un
plan général. Ceux qui ont à rassembler tout
ce que vous leur avez apporté, qui ont contrôlé
et vérifié, avec la lourde tache de voir clair et
de décider, le feront en connaissance de cause, hardiment
s’il le faut, mais non sans réflexion.
Une initiative individuelle raisonnée
peut être heureuse sur un point un jour donné.
Elle peut être mauvaise pour l’ensemble, et un autre
jour, si certaines données vous ont échappé.
Ce sont souvent les plus lointaines les plus importantes.
Donc: pas d’actions dispersées, pas de gestes isolés. Faites confiance
à vos chefs. Ne vous impatientez pas. Vous avez tous beaucoup à
faire dans le cadre qui vous a été assigné.
Vous avez d’abord à vous discipliner vous-même. Vous avez
à exercer votre volonté pour que votre sentiment
ne s’émousse pas. Entraînez vous pour le travail
nouveau qui vous est donné. Vous avez toujours à
voir, toujours à dire, toujours à faire. Réfléchissez
sans cesse à ce que vous avez déjà fait et à
ce que vous pourrez faire; aux moyens que vous avez et à
ceux que vous souhaitez avoir; à ceux que vous pourrez
vous procurer vous même et à ceux qu’il faudra que nous vous donnions. Il y a autour de vous des hommes à persuader, à réconforter, à grouper, à diriger. Souvenez-vous
que ce sont des hommes d’action qu’il
nous faut, et que ce sont ceux-là qui, le moment venu,
entraîneront les autres et décideront du succès.
Ce sont ceux-là qui doivent être préparés
pour que leur organisation fonctionne.
Il faut qu’elle puisse fonctionner à plein le premier
jour qu'elle agira.
Que votre impatience soit donc uniquement le stimulant de votre ardeur, une raison
d’activité réfléchie.
"Dites vous bien que ce ne sont pas des paroles enflammées, des gestes irréfléchisdes bravades absurdes, des sacrifices é mouvants, qui sauveront le pays. C’est un immense travail
de chaque jour, s’ajoutant à votre travail quotidien,
patient, secret et sans panache, qu’il faut, obstinément
poursuivre à travers toutes les difficultés, avec
une ténacité sauvage.
Et il faut d’abord organiser les légions disciplinées de la France
enchaînée.
LE COMITE NATIONAL DE SALUT PUBLIC